Collaboration avec le CIB et expansion (1931 – 1937)

En 1931, reprise des affaires ! Les projets numérotés 120 et 121 témoignent d’un renouveau. Non seulement il s’agit de projets construits à Schaerbeek et Uccle[1], soit hors des communes habituelles, mais en outre le nom de Louis Tenaerts est cette fois associé, dans les plans ou dans la signature sur l’immeuble, à l’abréviation CIB, pour Comptoir immobilier belge, une société qui apparaît dans les almanachs du commerce[2] en 1931. Dans le cadre de sa collaboration avec le CIB, la production de Tenaerts prend de l’ampleur et investit des quartiers de la seconde couronne bruxelloise, pas ou peu bâtis à l’époque. On le retrouve bientôt à Uccle, Schaerbeek, Auderghem, Forest, Woluwe-Saint-Lambert, Anderlecht, Watermael-Boitsfort et Woluwe-Saint-Pierre. Non seulement, Tenaerts et le CIB ont une prédilection pour les quartiers neufs, mais, quand on les y retrouve, c’est en général pour plusieurs bâtiments. En témoigne un ensemble de quinze maisons construit avenue Jean Vanhaelen à Auderghem. Construits en 1931-1932, les nos 20 à 42 sont mitoyens et présentent des plans fort similaires. Certains éléments du vocabulaire de leur façade rappellent encore celui de la rue des Augustines, à Jette, mais dans un langage simplifié. Certaines maisons, notamment les nos 30 et 38, par leur appareillage de fines briquettes et leurs jeux de lignes horizontales et verticales, se rattachent à l’esthétique moderniste.

Avenue Jean Vanhaelen 38, Auderghem, élévation principale, ACAud./Urb. 3363, 1931.

On ne connaît pas l’implication précise de Louis Tenaerts dans la création du Comptoir immobilier belge mais son rôle y est prépondérant puisqu’à partir du projet no 177 (rue Gustave Gilson 190 à Laeken, 1932), il fait précéder sa signature sur les plans du titre « l’architecte-dirigeant ». Avec cette construction, Tenaerts aborde le style Paquebot, qui caractérisera sa production de la suite des années 1930. Le bâtiment n’a cependant jamais reçu le couronnement en demi-cercle prévu sur les plans, qui lui aurait conféré une allure encore plus originale.

Rue Gustave Gilson 190, Bruxelles Laeken (© C. Dubois, photo 2020).

À ce jour, le CIB reste mal connu. D’après les almanachs du commerce, la société, apparue en 1931, se maintient jusqu’en 1938. Située rue du Lombard 49, elle est spécialisée dans la construction et dans toutes transactions immobilières. Tenaerts y joue un rôle essentiel, poursuivant une méthode de travail qu’il avait mise au point dans les années 1920 : investissement dans des nouveaux quartiers, bâtiments conçus en ensembles, style évoluant de l’Art Déco au Paquebot, constructions relativement modestes aux plans standardisés et productions plus cossues sur certaines artères, terrains parfois irréguliers et parcelles d’angle. D’autres architectes ayant travaillé pour le CIB sont connus, comme Richard Hubert[3] et Jean M. V. Cohen[4], ainsi qu’une unique réalisation du Comptoir en dehors de Bruxelles, à Gand, signée par l’architecte Fritz Coppieters (1933)[5].


[1] Projet n120, avenue Milcamps 144 à Schaerbeek et projet n121, rue des Glaïeuls 29 à Uccle.

[2] https://archives.bruxelles.be/almanachs.

[3] Auteur des 16a (1938) et 18 (1937) square du Castel Fleuri à Watermael-Boitsfort.

[4] Auteur, dans un style proche de la production de Louis Tenaerts, des 5 et 7 avenue Père Damien à Woluwe-Saint-Pierre (1937).

[5] https://inventaris.onroerenderfgoed.be/erfgoedobjecten/215727.

 

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