Les débuts comme architecte (1922 – 1931)

Le premier projet que nous lui connaissons à ce jour (n°4 dans la numérotation des projets[1]) remonte à 1922. Il s’agit d’une maison à construire avenue Prudent Bols 91 pour Clémentine Douart des Gadeaux, une jeune aristocrate d’origine française née à Bruxelles en 1898 et qui devient son épouse le 15 mai 1923[2]. De style Beaux-Arts, un cas unique dans la carrière de l’architecte, la maison présente de vastes volumes. En 1925, Tenaerts introduit une demande pour l’ajout, à l’arrière du bâtiment, d’un jardin d’hiver et d’un bureau de dessin à l’étage, avec accès par un escalier séparé. Les débuts du jeune architecte semblent prometteurs !

Avenue Prudent Bols 91, Bruxelles Laeken, maison de Clémentine Douart des Gadeaux, qui devint également celle de son époux, Louis Tenaerts, photo d'époque (© Collection Kovarski-Paquet).

Parmi ses premiers clients, on compte des membres de sa famille, comme son père et son frère, mais aussi des Laekenois comme les frères Tenaerts, de l’entreprise de pompes funèbres du même nom, avec lesquels il n’était visiblement pas apparenté. Rapidement aussi, il construit pour son propre compte : des immeubles de rapport et même, en 1925, un garage pour 26 voitures avec appartements de rapport aux étages, rue Léopold Ier 178-180. Ses premières réalisations se concentrent à Laeken et Jette, principalement autour de cette dernière. Certaines rappellent encore la Sécession viennoise, notamment trois maisons rue Edmond Tollenaere 98, 100 et 113 (1923), aux plans similaires, dont les travées principales sont flanquées de pilastres aux étages, se prolongeant verticalement par un pinacle.

Les commandes s’enchaînent. Rue des Augustines à Jette, en relation avec la Commune qui lui confie une série de terrains, il construit, entre 1925 et 1928, dix-sept habitations et maisons de rapport dans un style Art Déco caractéristique des années 1920 : façades mêlant appareillages décoratifs de briques et éléments en simili-pierre aux motifs de spirale et triangle sur pointe, pignons décoratifs, châssis à petits-bois intégrant des vitraux colorés aux motifs floraux, trumeaux ouvragés, porches dans-œuvre, logettes, ressauts… L’analyse des plans révèle déjà le souci d’une systématisation, une prédilection pour des terrains peu profonds ou irréguliers, un confort assez modeste, surtout dans les logements de rapport, généralement dépourvus de salle de bain et équipés de WC extérieurs, aménagés sur une terrasse.

Rue des Augustines 98, Jette (© C. Dubois, photo 2020).

Les premiers et rares projets connus hors des communes de prédilection de Tenaerts sont, en 1926, une habitation avec garage, rue Portaels 42-44 à Schaerbeek et, en 1927, une maison à trois façades, avenue de Limburg Stirum à Wemmel (projet no 73), dont le commanditaire était un de ses voisins de l’avenue Prudent Bols.

Le dernier projet de 1929 actuellement à l’inventaire porte le no 117[3]. Nous perdons ensuite la trace de l’architecte jusqu’en 1931, où nous le retrouvons avec le projet no 120. Que s’est-il passé durant l’année 1930 ? Les deux projets intermédiaires, inconnus à ce jour, constitueraient-ils la seule production de Tenaerts en une année ? Une conséquence de la crise économique ?


[1] Pour la numérotation des projets, voir plus loin « 1.635 immeubles ».

[2] Après son mariage, dans son cachet professionnel et à diverses occasions, Louis Tenaerts associe la particule de son épouse à son propre nom : Louis Tenaerts-des Gadeaux.

[3] Projet n117, rue Laneau 88-90 à Laeken.

 

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