Architecte et entrepreneur (1937-1941)
À partir du courant de l’année 1937, le nom de Louis Tenaerts n’est plus associé au CIB. Il semble reprendre son indépendance et nous perdons ensuite la trace de cette société. Tenaerts se présente désormais comme architecte-constructeur et continue à travailler de façon intense. Ses bureaux se situent rue du Midi 43 à Bruxelles. De cette période, retenons deux ensembles, l’un à Laeken, l’autre à Ixelles.
À Laeken, il s’agit d’un ensemble de l’avenue des Croix du Feu, à l’angle de la rue De Wand, dans un quartier en pleine expansion. Au début de l’année 1937, le couple Tenaerts-Douart des Gadeaux acquiert en vente publique de la Ville de Bruxelles des terrains à bâtir pour lesquels l’architecte a un projet, présenté l’année précédente à la Ville en vue d’obtenir une dérogation de hauteur sur une partie des terrains. Dérogation et terrains acquis, Tenaerts revend ces derniers à différents particuliers et construit pour eux des bâtiments distincts : une maison de rapport au style Paquebot affirmé (no 301, 1938), un élégant immeuble à appartements Art Déco (no 303, 1937), une maison de rapport moderniste (no 305, 1939) et un double immeuble à appartements moderniste construit pour un maître d’ouvrage unique (no 309 et rue De Wand no 1, 1937).
En ce qui concerne le no 3 de la rue De Wand, construit plus tardivement par un autre architecte, il semblerait que Tenaerts y ait eu un projet en 1940-1941, finalement resté sans suite. Ce projet avorté montre une évolution dans la carrière de Tenaerts car il n’en signe plus les plans mais apparaît dans le dossier comme constructeur[1]. À cette époque, apparemment, Tenaerts a opté pour le métier de constructeur et a abandonné l’exercice de l’architecture, les deux n’étant plus compatibles depuis 1939.
À Ixelles, un autre projet significatif est celui de l’avenue de l’Université 106. Un immeuble à appartements construit en 1938 dans un quartier neuf présenté comme un « des plus aristocratiques et des plus aérés de la capitale »[2]. Un immeuble de sept étages, avec garages, conciergerie au sous-sol, ascenseur et chambres de bonne au dernier étage. D’après un article de l’époque[3], les ambitions de Tenaerts ne devaient pas s’arrêter là puisque ce premier immeuble devait se compléter de deux autres, formant un ensemble d’un développement de façade de plus de 50 mètres. Quant à l’immeuble voisin[4], avenue Adolphe Buyl 144-146, l’un de ses plans figure imprimé le nom de Tenaerts comme architecte, accompagné plus tardivement car à l’encre, de la signature d’un autre architecte[5]. Sur les autres plans et dans le reste du dossier, Tenaerts apparaît toutefois comme le constructeur de l’immeuble. Nous sommes en 1939, année où Tenaerts fait le choix de s’orienter vers une carrière d’entrepreneur-constructeur, comme en témoigne son cachet.
[1] Archives de la Ville de Bruxelles, fonds travaux publics – AVB/TP 55026.
[2] « University Residence. Angle des Avenues de l'Université et Adolphe Buyl à Ixelles », L'activité architecturale en Belgique. Journal du bâtiment et des Travaux publics, 16 octobre 1938 (Collection CIVA).
[3] Ibidem.
[4] Archives communales d'Ixelles, Urbanisme 4-144-146.
[5] Cet architecte est Édouard Draps, de Laeken, qui connaissait probablement Tenaerts et dont les réalisations peuvent parfois être confondues avec les siennes.